Musique synagogale au 19e siècle : Emile Jonas et Jules Erlanger

Une émission de radio de l'Institut Européen des Musiques Juives présentée par Hervé Roten

MUSIQUES JUIVES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI – MARDI 17 DECEMBRE 2019, JUDAÏQUES FM (94.8), 21H00


Né à Paris le 5 mars 1827 dans une famille juive, Emile Jonas est l’auteur de plusieurs recueils de compositions hébraïque publiés entre 1854 et 1886. Suite à de brillantes études musicales (Conservatoire de Paris, Second Grand Prix de Rome), il dispense des cours de solfège puis de composition au Conservatoire de Paris, en parallèle à un poste de directeur musical de la Garde Impériale (pour laquelle il compose de nombreuses marches et pièces pour fanfares militaires).
En 1851, sur les conseils de Fromental Halévy, Emile Jonas offre ses services au Consistoire de Paris, comme organiste de la synagogue principale, située alors rue Notre-Dame de Nazareth. À partir de 1854, Jonas exerce en tant qu’organiste et chef de chœur de la synagogue de rite portugais, au 23 rue Lamartine. Il y publie en 1854 un Recueil des chants hébraïques anciens et modernes exécutés au Temple du rit [sic] portugais de Paris composé de 39 pièces liturgiques pour solistes, chœurs, orgue et harpe, dont 24 de sa composition. Une version augmentée paraît en 1886 sous le titre de Chants hébraïques exécutés dans les temples consistoriaux et au Temple du rite portugais de Paris, accompagnée de recommandations d’interprétation ainsi que d’exercices.
Son Psaume 130, pour baryton et chœur, ainsi que la prière Vayehi binsoa qui accompagne la Sortie de la Loi, sont interprétés lors de l’inauguration du Temple de la rue de la Victoire, le 9 septembre 1874. Cette même année, Emile Jonas publie un volume de 21 compositions de divers auteurs, utilisées lors des cérémonies de mariage de cette synagogue. En 1879, il publie un autre volume de musique pour le Chabbat.
Emile Jonas meurt à Saint-Germain-en-Laye, le 21 mai 1905. Son œuvre, composée d’une d’une vingtaine d’opéras-bouffe et de nombreuses pièces instrumentales, est malheureusement tombée dans l’oubli. Seules ses prières hébraïques – dont on entendra de nombreux extraits au cours de cette émission – sont encore chantées de nos jours…

Moins connu que Jonas, Jules Erlanger est né à Wissembourg (Bas-Rhin) en 1830 et mort à Bruxelles le 15 février 1895. Fils d’Israël Süsskind Erlanger, rabbin à Wissembourg, et frère de Michel Erlanger, qui siégea au Consistoire de Paris, Jules Erlanger montre dès son enfance des prédispositions pour la musique. Admis à l’âge de 14 ans dans la classe de composition de Fromental Halévy au Conservatoire de Paris, il obtient un accessit en contrepoint et fugue en 1850. Il se tourne alors vers la composition et écrit plusieurs œuvres pour le Théâtre des Bouffes-Parisiens de Jacques Offenbach.
Co-fondateur de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, musicien actif, il est également impliqué dans la vie juive. C’est ainsi qu’il participe à la fondation de l’Alliance Israélite Universelle en 1860, avant de devenir président du comité belge de l’Alliance, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. Il compose également plusieurs pièces pour le culte israélite, parmi lesquelles son psaume 150 – Allelouya qui est joué durant la cérémonie d’inauguration du Temple de la Victoire en 1874.
En 1891, la maison d’édition Durlacher, à Paris, publie son Recueil de dix morceaux exécutés dans les synagogues de France et de Belgique. En 1903, huit ans après sa mort, quatre nouveaux recueils d’Erlanger sont publiés à Bruxelles, trois de musique profane et un de musique sacrée intitulé Compositions religieuses pour le culte israélite. Cette émission permettra d’entendre sa Kedouschah de Moussaph pour chœur à 4 voix et baryton soliste.

Consulter la biographie d’Emile Jonas
Consulter l’article de Jacobo Kaufmann : Emile Jonas (1827-1905), de la synagogue portugaise à la Garde Impériale, en passant par l’opérette
Consulter la biographie de Jules Erlanger

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herve_photo_retouche_fond_uni_bleu_500px.jpgOfficier des Arts et des Lettres, Docteur en musicologie de l’Université Paris IV Sorbonne, Prix du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Hervé Roten est Directeur de l’Institut Européen des Musiques Juives depuis sa création en 2006.
Ethnomusicologue de formation, il s’est intéressé très tôt à la sauvegarde et à la numérisation des archives, matières qu’il a enseignées durant plusieurs années au sein des universités de Reims et de Marne-La-Vallée.
Auteur de nombreux articles, ouvrages et disques portant sur les musiques juives, producteur d’émissions de radio, Hervé Roten est aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de musiques juives dans le monde.

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