
CD Weiss – Psalm and Hymns, publié le 3 novembre 2023 chez DUX Recording Producers
CD The echo of the Temple, publié le 9 novembre 2023 chez Opus Series – Requiem Records
Le 17 mars 2025, le musicologue et organiste polonais Jakub Stefek a remis à l’Institut Européen des Musiques Juives deux CD et un 33 tours émanant de ses recherches sur la musique synagogale en Pologne, d’hier et d’aujourd’hui. Découvrez les œuvres de Jacob Weiss, Adam Porębski, Aleksandra Chmielewska, Anna Maria Huszcza, Drius Przybylski, Marcin Tadeusz Lukaszewski et Ignace Zalewski.
Le CD Weiss – Psalms and Hymns nous propose en première mondiale la musique de Jacob Leopold Lejb Weiss (1825-1889), chantre de l’une des synagogues de Varsovie au XIXe siècle. Né en 1825 à Nitra (Hongrie), Jacob Weiss avait poursuivi des études musicales à Vienne, notamment auprès du compositeur et chantre Salomon Sulzer (1804-1890), l’un des initiateurs de la réforme du chant liturgique dans les synagogues de culte réformé. En 1860, Weiss devint le principal chantre de la synagogue allemande de la rue Danilowiczowska à Varsovie. Il y dirigea un chœur avec lequel il chantait des psaumes et des hymnes accompagnant la prière quotidienne. C’est probablement durant son ministère dans cette synagogue que Weiss a eu l’occasion de se familiariser avec la musique du compositeur polonais Stanislaw Moniuszko. L’influence de Moniuszko sur le langage compositionnel de Weiss est significative. De plus, cette musique partage des caractéristiques avec la musique synagogale réformée qui, rompant avec les règles religieuses rabbiniques, a permis aux instruments de s’exprimer, y compris l’orgue. En 1873, Weiss occupa un poste de chantre à Vilnius avant de revenir à Varsovie trois ans plus tard. En 1879, il devint professeur de chant, tout en poursuivant ses activités de chantre et compositeur. Bien que sa musique soit largement jouée , il sombra dans la pauvreté et mourut le 21 août 1889. Son œuvre continua à être jouée dans les synagogues et les maisons privées jusqu’à la Seconde Guerre mondiale avant de sombrer dans l’oubli. A ce jour, les seules compositions connues de Weiss figurent dans un recueil Musikalischen Synagogen-Bibliothek: Ozar Schire Jeschurun en deux volumes publiés en 1873 et 1881.
Outre les œuvres de Weiss, ce CD nous propose quatre préludes de Joseph Sulzer, le plus jeune fils de Salomon Sulzer.


« Au XIXe siècle, l’idée de la réforme liturgique juive consistait pour les compositeurs à prendre d’anciennes mélodies juives et à les combiner avec un langage musical contemporain. Lorsque j’ai appris cette histoire, entre autres, en travaillant sur mon mémoire de doctorat, j’ai pensé que le prochain chapitre de cette histoire, interrompue par la guerre, serait de recréer ce processus aujourd’hui, au XXIe siècle », explique Jakub Stefek. « C’est ainsi qu’est né ce projet, dans le cadre duquel six compositeurs polonais de la jeune génération ont créé des œuvres inspirées de cette idée. Chacun a abordé le thème à sa manière. Adam Porębski a travaillé sur des chants d’Abraham Lichtenstein, un chantre de Szczecin du XIXe siècle : d’abord dans une version pour chantre, chœur et orgue, puis pour orgue solo. Aleksandra Chmielewska et Dariusz Przybylski ont créé des œuvres impressionnantes basées sur deux mélodies du Kaddish notées par Louis Lewandowski. Anna Huszcza a choisi la mélodie de Louis Lewandowski tirée de trois volumes monumentaux, rendant ainsi un hommage à la tradition de l’orgue. Marcin Łukaszewski a combiné deux des mélodies juives les plus célèbres au monde, Kol Nidre et Hava Nagila, créant ainsi un pont entre le sacré et le profane. Ignacy Zalewski, dans une œuvre très personnelle, a déplacé l’accent de la mélodie vers le timbre, s’orientant dans la direction que la musique juive pour orgue commençait à prendre peu avant la Seconde Guerre mondiale. Le titre même « Écho du Temple » a plusieurs significations. D’une part, il fait référence aux premiers récits sur l’instrumentation du Temple de Jérusalem. D’autre part, les nombreuses synagogues réformées dans lesquelles l’orgue résonnait ont reçu le nom de « Temple ». De plus, l’enregistrement a été réalisé dans le somptueux édifice de la collégiale de Stargard, la plus haute église gothique voûtée de Pologne, de sorte que l’écho est intégré dans la conception artistique du son.
Cet album fait fortement référence à un héritage auquel nous devons prêter attention. La musique d’orgue juive est la preuve qu’il est possible de combiner habilement tradition et modernité. Il existe un juste milieu entre rejeter tout ce qui est nouveau et rejeter tout ce qui est ancien. »
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- Lire l’article L’orgue dans la tradition juive

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