Une histoire de famille : Isaac et Jacques Offenbach

Une émission de radio de l'Institut Européen des Musiques Juives présentée par Hervé Roten

MUSIQUES JUIVES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI – MARDI 19 NOVEMBRE 2019, JUDAÏQUES FM (94.8), 21H00


A l’occasion de la sortie du CD Jacques Offenbach et ses proches – de la synagogue à l’opéra, Hervé Roten reçoit Jacobo Kaufmann, metteur en scène, écrivain et chercheur, et auteur de plusieurs livres et articles consacrés à Jacques Offenbach (1819-1880) et son père Isaac Offenbach (1779-1850)

Isaac Offenbach est né à Offenbach-sur-le-Main, près de Francfort, le 26 octobre 1779. Orphelin dès son plus jeune âge, il apprend la musique auprès de chantres itinérants. En 1802, il s’installe à Deutz, ville sur le Rhin en face de Cologne, et commence à y gagner sa vie en chantant lors des services religieux juifs mais aussi comme violoniste dans les salons de danse et les tavernes. À Deutz, où il est surnommé « der Offenbacher », il épouse Marianne Rindskopf. Puis conformément au décret napoléonien de 1808, il change son nom de famille Eberst en Offenbach.
Isaac Offenbach gagne sa vie comme professeur de violon, flûte, guitare et chant, et à partir de 1820 comme chantre de la synagogue de Cologne. Durant une trentaine d’années, il écrit des compositions liturgiques pour le Chabbat et les fêtes juives, ainsi qu’une pièce de théâtre en musique, Esther, reine de Perse ou Les Israélites ont échappé à la vengeance de Haman et autres chansons de Pourim. Il est également l’auteur de plusieurs pièces profanes, comme ses Douze sonatines pour la guitare.
Isaac Offenbach meurt le 26 avril 1850, à l’âge de 71 ans. La plupart de ses œuvres musicales et littéraires sont conservées au Hebrew Union College de New York et à la Bibliothèque Nationale de Jérusalem.

Jacques Offenbach est l’un des 9 enfants d’Isaac et Marianne Offenbach. Né à Cologne le 20 juin 1819, il part avec son père et son frère Jules à Paris afin d’y entreprendre des études musicales supérieures. La France est alors le seul pays d’Europe où il est possible à un Juif de faire carrière dans la musique sans se convertir. A l’âge de 14 ans, Jacques est admis dans la classe de violoncelle du Conservatoire de Musique de Paris, tandis que son frère Jules reçoit des leçons de violon de Paganini.
Le 1er décembre 1833, les deux frères sont engagés à la synagogue parisienne Notre-Dame de Nazareth en tant que « chargés de la formation et de la direction du Chœur ». Suite à un désaccord avec le rabbin de la synagogue, leur contrat n’est pas renouvelé au-delà des six mois initialement prévus. Dans l’obligation de travailler pour gagner sa vie, Jacques quitte le Conservatoire au bout d’un an et intègre l’orchestre de l’Opéra Comique où il se fait remarquer par Jacques Fromental Halévy qui lui donne des leçons de composition et d’orchestration.
Dès 1839, Jacques Offenbach écrit quelques musiques de scène pour l’Opéra Comique et donne des concerts de violoncelle. Sa réputation croissante lui ouvre les portes de la Comédie Française, dont il devient le directeur musical en 1847. En 1855, il ouvre son propre théâtre : la salle des Bouffes-Parisiens, où il créé plusieurs opéra-bouffes bien accueillis par le public : Orphée aux Enfers, La Grande-Duchesse de Gérolstein, La Vie parisienne, Les Brigands… En 1870, la carrière d’Offenbach est brutalement interrompue par la guerre franco-prussienne. Offenbach se tourne alors vers l’opéra-bouffe-féérie (Le Roi Carotte) puis vers l’opéra patriotique (La Fille du Tambour-Major). Il meurt le 5 octobre 1880, quelques mois avant la première de l’opéra qui lui apportera la reconnaissance à laquelle il aspirait tant, Les Contes d’Hoffmann – l’un des opéras français les plus joués de nos jours.
En 1844, Jacques Offenbach s’est converti au catholicisme afin d’épouser Hérminie d’Alcain (1827-1887). Il n’en demeure pas moins que Jacques Offenbach a baigné dans sa jeunesse dans les chants de la synagogue. A l’âge de 16 ans, il a écrit une suite de valses sur des motifs israélites du XVe siècle, intitulée Rébecca (1837, inédit). Et en 1841, à l’occasion d’une visite à son père à Cologne, il a composé deux chœurs synagogaux (Tovo lefoné’ho et Ochamnou) pour la prière de confession de Yom Kippour. Cette œuvre juive d’Offenbach – que l’on entendra au cours de cette émission – a été redécouverte il y a une trentaine d’années par Jacobo Kaufmann, à partir des manuscrits originaux d’Isaac Offenbach conservés à New York et à Jérusalem.

Une émission passionnante, à ne manquer sous aucun prétexte…

Consulter la biographie d’Isaac Offenbach
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Lire la recension du livre de Jacobo Kaufmann Isaac Offenbach and his son Jacques

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herve_photo_retouche_fond_uni_bleu_500px.jpgOfficier des Arts et des Lettres, Docteur en musicologie de l’Université Paris IV Sorbonne, Prix du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Hervé Roten est Directeur de l’Institut Européen des Musiques Juives depuis sa création en 2006.
Ethnomusicologue de formation, il s’est intéressé très tôt à la sauvegarde et à la numérisation des archives, matières qu’il a enseignées durant plusieurs années au sein des universités de Reims et de Marne-La-Vallée.
Auteur de nombreux articles, ouvrages et disques portant sur les musiques juives, producteur d’émissions de radio, Hervé Roten est aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de musiques juives dans le monde.

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